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-avril 2016

LA FEMME DE L'HOMME INVISIBLE (2)

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            « On dirait qu’il en va des voyages en Russie comme des rêves, il ne se passe rien, puisqu’on se réveille, mais on y croit, n’est-ce pas ? Â»

 

           Cela l’avait fait sourire. Elle n’avait ni approuvé ni contredit.

 

           « J’ai connu un psychanalyste qui soutenait que l’ouvrage le plus révolutionnaire que Sigmund Freud aurait pu écrire c’était Psychanalyse de l’âme russe. Il se demandait ce qu’il serait advenu de l’Europe après la Seconde Guerre Mondiale si Freud l’avait écrit. »

 

           Â« Bibikoff ! Ah, celui-là ! –s’est-elle exclamée. C’était peut-être un imposteur. Le bruit courait que son diplôme de médecin psychiatre était un faux, et que sa formation de psychanalyste était douteuse. Par contre, ce qui semble tout à fait exact, et ce n’est pas parce que lui-même le racontait, c’est qu’il était né dans un hôpital psychiatrique à Moscou... C’est-à-dire dans une prison. Ça, vous devez l’avoir entendu... »

 

         Elle souriait comme si elle avait enfin réussi à me tirer les vers du nez. Je suis resté impavide.

 

           « Vous me l’apprenez, je vous l’assure. Votre père le connaissait-il aussi ? Â»

 

             Elle était la fille d’un professeur de littérature russe à la Sorbonne. Elle m’avait demandé si elle pouvait se servir de la prise électrique à côté de mon siège pour recharger son téléphone. J’avais voulu faire semblant de ne pas la reconnaître. Derrière ses lunettes rectangulaires à monture d’écaille, des yeux clairs presque jeunes. « C’est à cause de mon bonnet que vous ne me reconnaissez pas Â» s’est-elle moquée. Elle ne m’a pas laissé le choix. Elle s’est assise à côté de moi et a libéré ses cheveux châtains, raides, coupés mi- courts. Elle devait être plus jeune que moi, avoir peut-être vingt-cinq ans, mais comme chaque fois que je me retrouve devant une femme plus jeune, j’avais le sentiment embarrassant qu’elle était plus âgée que moi, et même qu’elle avait l’âge d’une femme de grand âge.

 

               Il faudrait ? Et pourquoi donc ? J’avais une curieuse impression. A quoi voulait-elle me contraindre ?

 

              Elle ne pouvait pas croire que de ma rencontre avec Kasparov je ne me souvenais de presque rien, à part les propos que nous avions échangés avant de commencer à jouer et ensuite à propos des parties que nous avions jouées. Elle venait de m’apprendre qu’elle projetait de se rendre à New York, où il habitait maintenant, pour l’interviewer.

 

               Â« Ã‡a tombe bien, moi-même j’ai du mal à le croire. Vous pourriez peut-être me rendre service. Demandez à Kasparov où exactement nous nous sommes rencontrés (dans la rue ? dans un parc ? chez les gens qui me logeaient ? dans ses bureaux ? dans sa datcha ? dans une datcha prêtée pour l’occasion ?...), qui m’accompagnait ? quel temps il faisait, ce que j’ai mangé (je crois que nous avons déjeuné ensemble plusieurs fois), quels vêtements je portais, quels sentiments j’ai exprimés devant lui (étais-je intimidé ? euphorique ? concentré ?...) Â»

 

              Nous rentrions à Paris, en TGV. De Genève. Cela me reprenait, de temps en temps, de traîner dans les tournois, les mains dans les poches. Je n’y participais plus depuis mon voyage à Moscou et la fin de mon enfance (ce pourquoi, selon ma sÅ“ur, je restais un enfant). J’avais encore repéré cette fille, qui comme par hasard traînait là aussi. Elle le faisait par curiosité pour les joueurs, ai-je déduit de notre bref échange, quand finalement je n’ai pas pu continuer à l’esquiver. Je lui avais alors demandé si elle écrivait un livre. Elle m’avait nargué. « Ne me sous-estimez pas, je suis peut-être aussi désÅ“uvrée que vous. Â» Cela voulait-il dire oui ou non ?

 

                Voilà où nous en étions encore, après une heure côte à côte dans le train, quand nous nous sommes quittés à la gare de Lyon, et après qu’elle ait proposé d’échanger nos numéros de téléphone. J’aurais voulu lui donner l’impression de ne pas trouver les mots pour la retenir.

                

 

              Â« Vous avez peur de me tourner le dos ? Â»

 

               Et elle était partie.

 

 

 

                J’ai donné à Kasparov les lettres que madame Kozlov m’avait confiées, de ça je me souviens. Nous étions assis face à face, il les a ouvertes une à une, les a remises une à une dans les enveloppes −les ayant parcourues du regard, comme s’il laissait la lecture pour plus tard−, m’a dévisagé. L’Ogre de Bankou, comme on l’appelait. Je me suis senti tout petit, et puis, je me suis quand même souvenu de la presque injonction de ma mère : « Quoiqu’il arrive, souviens-toi que tu es un enfant. Â»

 

                C’était la première fois que j’étais séparé d’elle, je n’étais jamais parti en colonie de vacances. Ma sÅ“ur non plus. Ma mère craignait que, loin d’elle, nous nous laissions aller à raconter qu’elle était la femme de l’homme invisible.

 

 

               Kasparov m’a interrogé sur madame Kozlov. En français. « Tu peux parler russe si tu veux. Â» En souriant. Quel âge elle avait, comment était-elle, dirais-je qu’elle était une bonne prof, une très bonne prof, une prof bizarre ? J’ai pensé au visage de madame Kozlov, que des lèvres minces rendaient sévère, à son regard sombre, à sa voix surtout, qui contre toute attente jaillissait pleine de joie de sa gorge (elle prenait des leçons de chant). « L’homme invisible dit d’elle que sous sa robe modeste elle cache un corps somptueux. Â» Kasparov a de nouveau pris le temps de me regarder. Je commençais à m’impatienter. Quand allions-nous démarrer cette partie perdue contre Deep Blue ?

 

               « Je croyais que l’homme invisible avait disparu. Â» Je me suis demandé ce qu’il voulait dire, avant de comprendre que c’était ce que tout le monde croyait, bien sûr. Je n’y avais jamais pensé ! A ce moment-là, j’ai compris ce que mon père avait dû ressentir lorsqu’il avait fait sa dépression nerveuse.

 

           Â« Il s’agit du même ? » Kasparov avait dû comprendre ce qui se passait dans ma tête, il me parlait d’un ton adouci. « Du même ? Â» « Celui dont tu parles, c’est lequel ? Â» « Le mari de ma mère. Â» « Ah, d’accord. Et il joue aux échecs ? Â» « Il m’a appris à déplacer les pièces. » « De bonnes bases, c’est très important. Â»

 

 

 

              Quelqu’un a mis un échiquier devant nous. « Préfères-tu que nous rejouions les parties du match que j’ai gagné contre Deep Blue, ou les parties du match que j’ai perdu ? C’est l’un ou l’autre. » Je ne m’y attendais pas. J’étais parti sur l’idée que nous allions rejouer le match qu’il avait perdu, mais une fois qu’il m’eût mis devant le choix, ce n’était plus du tout évident.

 

               Pendant que je réfléchissais, Kasparov me racontait que Deep Blue était devenu de la ferraille électronique vendue très cher. Enfermé dans le coffre-fort d’un riche collectionneur, dans une banque suisse, Deep Blue allait probablement devenir une Å“uvre d’art. C’était le projet de son nouveau propriétaire. « Vous tenez ça de bonne source ? Â» « Sache que dans le cas de Deep Blue, il n’y a pas de bonne source. Compris ? » Il l’avait dit en détournant le regard. Je n’ai saisi que plus tard ce qu’il avait voulu me signaler : que nous étions probablement sur écoute. Tout le reste, avant et après, je l’ai oublié. Je maintiens : il en va des voyages en Russie comme des rêves, il ne se passe rien, puisqu’on se réveille, mais on y croit. 

 

             J’ai pensé aux paroles de ma mère : « Quoiqu’il arrive, souviens-toi que tu es un enfant. Â» Et si c’étaient les dernières paroles que m’adressait la femme de l’homme invisible ? Les dernières avant que tout disparaisse. C’était la première fois que je pensais à elle plus comme la femme de l’homme invisible que comme ma mère. Et j’ai compris ce qu’elle avait dû éprouver lorsqu’elle avait fait sa dépression.

 

            J’ai choisi de refaire le match que Kasparov avait gagné. Bien sûr, cela nous a pris plusieurs jours, je ne me souviens pas combien exactement. Kasparov a été très patient. Ensuite, je suis tombé malade.

 

 

 

            Quand je suis rentré à Paris, je n’étais plus le même. Pourtant, à voir ma tête, ma sÅ“ur s’est exclamée : « Tu es toujours un enfant ! Â» Elle, ne l’était plus. « Tu étais moche avant. Â» « C’est que maintenant je suis habillée en midinette. Â» Elle portait des talons (pas très hauts) et une jupe courte. « Tu t’es fait une coiffure de naine ? Â» « C’est une coiffure bouffante. Tu aimes mes lunettes de soleil ? Â» « Il est où le soleil ? Â» J’écarquillais les yeux en posant sans cesse la même question. Mon comportement était bizarre pour tout le monde sauf pour ma sÅ“ur. « Tu n’as qu’à fermer les yeux. Â» Autrefois elle m’aurait traité d’abruti. Elle avait vraiment changé.

 

            Ma mère voulait m’amener chez le médecin tout de suite. Je ne voulais pas. Personne ne m’écoutait. Chacun voulait parler pour moi auprès des autres. Ma mère, l’homme invisible, madame Kozlov. Tout de suite, ce n’était pas possible. Je venais de comprendre qu’il s’agissait de m’amener chez un psy. Ma sÅ“ur me caressait le front et me tripotait les oreilles comme si j’étais son petit ours en peluche, elle se prenait vraiment pour une grande sÅ“ur, c’était nouveau, ou normal, je n’en savais rien, je n’en sais pas plus aujourd’hui. « Ne t’inquiètes pas, tu n’es pas devenu dingue, tu fais une dépression nerveuse, comme avant toi papa, et avant lui maman. Je me demande quand je vais y passer, moi aussi. Â»

 

 

              Madame Kozlov disait que ce n’était pas juste qu’on m’amène chez l’un de leurs psys respectifs. « Il a droit à sa propre vie. Â» L’homme invisible n’était pas content. On m’avait envoyé en Russie espérant que ce voyage accélèrerait mon développement psychique et que cela m’épargnerait l’étape de la dépression et voilà que je revenais en demandant toutes les cinq ou dix minutes Où est le soleil ? Où est le soleil ? En russe !

 

             « J’ai un ami marabout dans le XVIIIe arrondissement, il nous coûterait moins cher » a-t-il dit. Madame Kozlov s’est tournée vers ma mère. « Il connaît du monde... » Elle n’osait pas s’adresser directement à l’homme invisible, elle croyait que parce qu’il était invisible il fallait qu’elle passe par ma mère pour communiquer avec lui. Du coup, très souvent ce qu’elle disait prenait un double sens. Il connaît du monde exprimait de l’admiration ou de la goguenardise ? A ma mère, cela ne lui posait pas de problème, et pour cause : « Il connaît la terre entière ! Â» Sa réponse débordait systématiquement (dixit l’homme invisible) le cadre (sémantique, géographique, psychique... ? Le cadre, quoi !) C’en était encore une preuve. Cela voulait dire quoi la terre entière ?

 

              L’homme invisible soupira. Il devait avoir l’air pensif. « Mais le pire est que ce qu’elle dit est vrai ! Je connais la terre entière ! » Ma mère a éclaté de rire. « L’ami dont il parle, je le connais. Il est en prison pour escroquerie. » Madame Kozlov s’est mise à rire aussi, mais on voyait bien qu’elle était toujours impressionnée, même encore plus.

 

               Est-ce de madame Kozlov qu’est venue l’idée ou sont-ce mes parents qui ont pensé qu’un psy d’origine russe convenait mieux dans mon cas, je l’ignore. Quoiqu’il en soit, c’est par l’intermédiaire de Zimine, le très vieux professeur de chant de madame Kozlov − un petit monsieur au teint rose qui portait avec fierté ses longs cheveux blancs − qu’ils sont arrivés jusqu’à Bibikoff, qui était aussi un homme très âgé.

 

 

 

 

              Deux semaines après mon retour de Moscou, j’ai commencé les séances. Deux fois par semaine. Ma mère m’y conduisait. Quand elle ne savait pas quoi faire de ma sÅ“ur, ce qui arrivait très souvent, elle venait avec nous. Elles me déposaient devant la porte cochère de l’immeuble et quand elles revenaient me chercher, elles montaient dans la salle d’attente.

 

                De la loge sortaient des odeurs de cuisine. La concierge espionnait les entrées et sorties, elle tirait le coin du rideau de la porte-fenêtre, je n’osais pas regarder, sa curiosité m’intimidait, j’imaginais parfois de petits yeux méchants, parfois des yeux larmoyants. Je montais l’escalier, aux marches recouvertes du tapis rouge foncé qu’on trouvait alors dans les immeubles parisiens.

 

                L’immeuble se trouvait rue des Petits-Renards. C’était là qu’Arnold Tokarev, le psychanalyste revenu outrageusement à l’hypnose avait été arrêté par la Gestapo pendant l’Occupation. Je montais l’escalier jusqu’au troisième étage. Bibikoff (personne ne disait le docteur) habitait l’appartement qui avait été celui de Tokarev, où il avait aussi son cabinet. Le plus souvent, la salle d’attente était vide, les patients ressortaient du cabinet par la porte qui donnait sur l’entrée et Bibikoff s’aménageait des intervalles entre les rendez-vous. Il le faisait peut-être exprès, pour éviter que ses patients ne se croisent dans la salle d’attente ou dans l’entrée.

 

                

              Dans le cabinet il y avait un échiquier avec des pièces rouges et blanches qui avait appartenu à Tokarev. Bibikoff raconta à ma mère que quand il avait voulu acheter l’appartement, mis en vente par la nièce de Tokarev, elle avait mis comme condition qu’il lui achète aussi l’échiquier. « Je suppose que vous l’avez payé très cher Â» a dit ma mère. Il avait souri avec une satisfaction de vieux fauve. Assis dans son fauteuil il semblait plus grand qu’il ne l’était en réalité, à cause de sa grosse tête et de sa crinière de cheveux gris crépus. « A l’époque, c’était une affaire. Â» Avait-il dit cela sachant que ma mère ne se contenterait pas de sa réponse ? « En anciens francs cela faisait combien ? Â» a-t-elle demandé, lui souriant avec cette candeur qui cherche à passer pour de la fausse candeur (disait l’homme invisible). Bibikoff s’est frotté les mains (oui, il savait qu’elle ne se contenterait pas de sa réponse). « Voyez-vous, la nièce de Tokarev était une femme irrésistible, du genre qu’on appelait fatale. Elle a exigé que je paye l’échiquier au même prix que l’appartement. Comme je viens de vous le dire, à l’époque, c’était une affaire. Â»

 

           En rentrant à la maison, ma mère a dit à l’homme invisible que Bibikoff était sûrement un parieur. « A son âge, s’il est capable de persister, un parieur n’est plus un parieur mais un bluffeur devant l’Eternel. » a dit l’homme invisible.

 

           Encore à la gare de Lyon, j’ai appelé ma sÅ“ur. « Tu vas encore me dire Voilà ce très vieux Bibikoff qui ressurgit comme s’il avait toujours été un être intemporel... Â» Je me donnais l’impression d’être un voyageur qui pour une raison mystérieuse hésitait à quitter la gare. « Dis-moi d’abord où tu étais passé ? »

 

            « Je ne comprends pas ce que tu cherches quand tu vas traîner dans des tournois. Â» « Mais je ne cherche rien, ne va pas croire... Â» J’hésitais à lui parler de la rencontre que j’avais faite. « D’accord, tu ne cherches rien. Raconte... Â» Je lui ai raconté. « Et à ton avis, qu’est-ce qu’elle veut ? Â» a-t-elle demandé. « Je crois qu’elle écrit un livre sur les joueurs d’échecs. Â» Â« Comment ça, je crois ? Â» « Quand je lui ai posé la question, elle n’a pas nié mais elle ne l’a pas reconnu non plus. Â» « Bon, si ce n’était pas le cas avant, ça l’est peut-être maintenant. Mets-toi à sa place, tu lui as donné une si bonne idée ! Â» « Elle voudrait que je rencontre son père, un prof de littérature russe à la Sorbonne. Â» « Tiens ! Tiens ! C’est une vraie petite peste, alors. L’enfer que tu mérites. Elle va écrire un livre sur les joueurs d’échecs dont le clou sera un chapitre sur toi. Â» Elle essayait de me rassurer, j’essayais de la rassurer, nous essayions de nous rassurer l’un l’autre, comme quand nous étions enfants et que nous imaginions le pire pour nous rassurer. « Le pire est que cette fille te plaît, que tu es un peu amoureux d’elle, peut-être même beaucoup, et peut-être même que bientôt tu seras fou amoureux d’elle... Â» J’en avais des frissons.

 

             J’avais pris la précaution d’enregistrer son numéro pour ne pas me laisser surprendre. Elle m’a rappelé de New York. Je n’ai pas décroché. Elle a laissé un message.

 

 

            Kasparov avait déjà tout dit sur Deep Blue mais on continuait à aller le voir pour lui poser toujours les mêmes questions. Comme si on ne voulait pas croire ce qu’il avait à dire, ce qu’il avait dit.

 

             A la fin de leur entretien elle avait osé lui demander quel souvenir il gardait de ma rencontre avec lui. Il lui avait fait répéter la question, qu’il avait très bien entendue, précisait-elle encore, je ne sais pas pourquoi. « Mademoiselle, je vous dirai la même chose que j’ai déjà dit aux personnes qui avant vous m’ont posé la même question : je n’ai jamais rencontré ce garçon. Â»

 

            J’ai immédiatement compris que le préambule Je vous dirai la même chose que j’ai déjà dit aux personnes qui avant vous m’ont posé la même question était un message codé qu’il m’envoyait. Le message était arrivé. C’était très habile à lui. Il n’en restait pas moins que le mystère de son comportement à elle demeurait entier, maintenant plus encore qu’avant. Pourquoi prenait-elle la peine de m’appeler ? Que me voulait-elle ?

 

 

           Je devrais peut-être la rappeler, un de ces jours. Je me le répète souvent. Son numéro continue à s’afficher sur l’écran de mon portable de temps en temps. Elle laisse toujours le même message : C’est moi.

 

 

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